Rétrospective

 

J’étais assis à mon bureau dans l’open-space avec 7 autres personnes autour de moi et j’ai soudain eu une révélation. J’ai réalisé que toutes ces personnes bossaient sur un produit que j’avais créé et imaginé. Mieux que ça, nous étions tous payés pour bosser dessus.

 

C’est quand même une histoire de fous si on y réfléchit. Babylon (sans le .js) a été initialement créé en 2010 pour Silverlight 5 (qui connaitra une fin bien triste). Je me suis par la suite spécialisé avec David Rousset sur les technologies Web et c’est en 2011 que j’ai pu porter Babylon en Babylon.js puisque nous (c’est-à-dire Microsoft) allions sortir Internet Explorer 11 avec le support de la 3D via WebGL me permettant de trouver tout ce dont j’avais besoin pour mon portage.


C’était alors un petit projet personnel sur lequel je passais pas mal de mon temps libre. On s’en servait essentiellement avec David pour se faire inviter dans les conférences techniques ce qui nous permettait de parler de Internet Explorer (puis de Edge) comme des gros fourbes d’évangélistes.


J’ai, par la suite, fais évoluer ma carrière en partant à Seattle et Babylon.js restait toujours mon « pet project », le bout de code que tu construits pour le plaisir de développer.


Le truc c’est qu’au bout d’un moment la communauté à commencer à bien accrocher à certaines de nos idées comme la simplicité avant tout, l’usage de TypeScript (Merci David de m’avoir convaincu là-dessus) et le fait que nous étions turbo-réactifs sur les questions/bugs. A tel point que certaines entreprises ce sont mises à se servir de Babylon.js dans des projets pros.


Jusqu’à ce jour de 2017 ou quelqu’un chez Microsoft s’est rendu compte que Babylon.js était utilisé par un paquet de leurs produits comme PowerPoint, Xbox GamePad et Avatar, Visio, Dynamics, etc… Du coup avoir une team dédiée qui pourrait faire évoluer le produit tout en le gardant open source avait de plus en plus de sens.

 

Et c’est ainsi que je me suis retrouvé à la tête d’une équipe de 7 personnes qui bossent sur un truc que j’ai commencé comme un jeu, un weekend dans un appartement parisien qui sentait le moisi avec vue sur une voie ferrée.

 

Je ne sais pas trop si j’ai eu du nez ou beaucoup de chance mais je peux vous dire que chaque matin je me lève en appréciant ma chance.

Le bon et le mauvais commentaire

Pour notre leçon d’aujourd’hui je voudrais vous parler de l’art subtil du commentaire d’application. Pour ce faire nous allons nous mettre dans la peau d’un gentil développeur assez con pour faire des applications gratuites.

Pour les deux du fond qui se touchent encore le pistil, je rappelle que les applications disponibles sur les Stores (Windows Store en tête bien sûr) sont évaluables par les utilisateurs avec une note entre 1 et 5 étoiles. Les utilisateurs peuvent également assortir leur évaluation d’un commentaire.

C’est sur ces commentaires que je vais donc me pencher aujourd’hui. Pour ce faire je vais utiliser des exemples de la vie réelle. Je veux dire par là que le texte des commentaires ci-dessous a été écrit par des êtres humains (seule une phase de traduction en français aura été ajoutée si le commentaire initial n’était pas dans la langue de Momo (Lierre de son nom de famille (oui, comme l’arbuste)).

« Application nulle. Ne permet pas de jouer des MP3 ». Bien que correct dans l’absolu, ce commentaire est à classer dans la catégorie « Tu t’es vu quand t’as bu » puisque l’application en question est une application pour lire des podcasts. Pour le mettre en perspective c’est comme si vous sortiez de chez le boulanger en disant : « C’est nul ici, on ne trouve pas d’armoire normande ».

« T’as pas les couilles au cul de rajouter le support des collections françaises ». Nous pouvons noter ici l’emploi très intéressant de la négation en début de commentaire qui amène une certaine complexité de compréhension. Le développeur n’ayant pas ses attributs au niveau de son rectum, il est difficile de savoir si le commentateur est désireux (ou non) de la mise en place de ladite fonctionnalité manquante. Ou alors il existe plusieurs variantes de l’anatomie masculine. A ranger donc dans la catégorie « WTF ? »

« Je mettrai 5 étoiles quand il y aura la version turque. 1 étoile en attendant ». Fascinante tentative de chantage. On sent tout de suite que le commentateur n’est pas du tout parti en exception. Sans doute ce personnage est-il aussi capable de briser la nuque d’un serveur si ses couverts sont mal alignés au restaurant. Catégorie « Gros con » donc.

« Je trouve vraiment nul de ne pas pouvoir donner un tip plusieurs fois. 3 étoiles. ». Cas rare mais suffisamment intéressant pour le noter. En gros c’est comme si le commentateur vous disiez : « Comme je n’ai pas pu te voir pour te dire merci, j’ai pété la gueule de ta femme ». Catégorie « Merci, mais non merci ».

« Nul. 5 étoiles » ou « Fantastique, 1 étoile ». Catégorie « je vis dans un miroir ».

« Application bâclée, ne supporte pas le mode sombre (theme dark) ». Ici nous avons un commentaire assez fréquent. Pour mémoire, l’application est gratuite. Il est donc tout à fait normal d’être extrêmement exigeant. Le développeur vous doit clairement sa carrière et ce petit con de merde n’est pas foutu de se plier à vos attentes. Clairement inacceptable. Catégorie « Va sucer tes boules en enfer ».

« . ». Ou comment un commentaire peut transcender l’expression humaine et toucher au divin dans sa forme la plus pure. Catégorie ” “.

« J trouve le designe trop baklé on diré une app de viheu LOL ». Dans la catégorie « Communiquons avec des amibes » ce genre de commentaires peut permettre de développer votre capacité de lecture phonétique.

 

Comme vous pouvez le constater la vraie raison pour laquelle les développeurs font des applications n’est pas tant parce qu’ils aiment coder mais plutôt car cela leur permet de découvrir le monde merveilleux des commentaires.

La majorité arrête alors rapidement de développer après les premiers commentaires. Quant aux autres on les retrouve la plupart du temps errant nus dans les rues, les yeux crevés, criant que l’humanité a atteint sa date de péremption.

Le programme

J’ai toujours considéré mon cerveau comme un ordinateur un peu spécial.
 

Un ordinateur dans le sens où j’ai vraiment l’impression d’installer des applications lorsque j’apprends des choses.

Spécial car contrairement à mon ordinateur, l’installation est loin d’être immédiate.
 

Prenons par exemple l’anglais. Pour que mon ordinateur reconnaisse l’anglais (et me fasse des supers corrections de merde lorsque je tape du texte) il me suffit de cliquer sur un petit bouton.

Pour mon cerveau, l’opération est…comment dire…plus chaotique.
 

En fait la première installation du système « I speak english like a boss » commence par le module « Brian is in da fucking kitchen ».

Ce module bien qu’essentiel ne garantit pas grand-chose à part de vous donner la position de ce con de Brian.

Pourtant, victime du marketing de l’éducation nationale, j’ai cru que cela pouvait suffire et j’ai donc décidé que j’étais prêt, suite à l’installation de ce premier module à venir travailler aux Etats-Unis.


Les premiers mois furent sanglants.


En gros ma compréhension des meetings pouvait être résumée par :

  • Hello all!
  • [Gros vide stellaire de 59 minutes ou vous sentez bien que vous êtes complètement en phase avec votre vie]
  • …See you guys!


J’ai donc rapidement décidé d’installer le module « Reconnaissance vocale » qui m’a permit de reconnaitre les mots émis par mes chers collègues.


Les réunions s’en sont trouvées rapidement améliorées et je pouvais ainsi me faire lors de ces réunions un mail à moi-même ou je dactylographiais les sons entendus durant une heure.

Il faut toutefois noter que ce module est intimement lié à un autre : le module « Reconnaissance vocale instantanée » qui vous évite de passer 30 ans à reconnaitre un mot alors que votre interlocuteur continue à débiter son flot (Je les soupçonne d’ailleurs de détecter votre regard vitreux quand vous n’avez pas bien entendu et d’en profiter pour accélérer comme des petites salopes. Car vous l’aurez compris, le monde entier se bat les nouilles de savoir si vous comprenez quelque chose ou pas. C’est la guerre. Vous êtes seul face à votre destin.)


La technique de la prise de note est importante tant que vous n’avez pas d’autres modules car elle permet de relire (et de comprendre ce qui s’est passé) a posteriori et surtout elle vous donne de la contenance en réunion. Le piège à éviter par-dessus tout ici c’est d’avoir l’air oisif car dans ce cas-là vous avez de fortes chances que l’on vous pose une question ou qu’on vous passe la parole. Si cela devait arriver, cela serait un carnage. Et soyez sur que personne ne vous demandera jamais ou se trouve l’autre trou du cul de Brian.


Ce qui nous amène au module suivant : « L’expression orale ». Une fois installé ce module va changer votre vie. Il y aura un avant et un après. Surtout si vous installez aussi le module « Je m’en bats les steaks de ce que tu penses de mon niveau d’anglais ». A vous la prise de parole en public grâce à ces deux modules ! Vous allez enfin pouvoir partager votre opinion et servir à quelque chose !!


Du statut de Homo Dactylis vous passez au statut d’homo Exprimis. Il faudra toutefois faire vite l’acquisition du module « Vocabulaire » qui permet de sortir d’autres phrases que « yes, yes, yes… ».

Ce module est aussi important pour faire des phrases concises car sans lui vous allez devoir galérer comme des veaux pour faire passer vos idées : «_And this is when I decided to use my….my….my….what the heck is the word for this bloody crap ??? _You know, the stuff that you can use to go somewhere when you don’t want to walk, you see what I mean ???? Yeah..a car ! »


Finalement il vous restera un dernier module avant d’avoir le programme complet : le module « Correction grammaticale ». Sans lui vous vous condamnez à lire le mépris dans les yeux de votre interlocuteur à chaque faute de grammaire que vous ne manquerez pas de faire. Et cela peut vite être extrêmement troublant (Pour des besoins pédagogiques évidents, la discussion relatée ci-après a été entièrement traduite en français) :

  • Vous : « Et donc c’est ici que se trouvit le problème… »
  • Ce que les yeux de votre interlocuteur affichent sur un panneau de 4m entouré de néons : « Pauvre tâchon de français mais tu ne sais même pas parler et tu veux régler des problèmes »
  • Vous : « Nous pourriez par exemple fixer ce soucis en introdouisant… »
  • Les yeux : « Sans déconner tu es à fond là ? Mais même mon chien muet parle mieux que toi »
  • Vous : « …_un_ méthode de tests récursive »
  • Les yeux : « Mon dieu je ne comprends rien de ce qu’il raconte, je pense qu’on va l’abattre ça sert à rien de le laisser souffrir, ça reste un être vivant quand même »


Et le problème c’est que ce dernier module est extrêmement long à installer. Je me rappelle m’être moqué plusieurs fois d’étrangers essayant de parler français. Je pense que tout ceci est en fait ma pénitence.

Le contrat

J’ai pour règle de ne jamais parler de politique en public car cela se termine toujours en eau de boudin (La race des humains disposant du super pouvoir de l’écoute des autres s’étant éteinte lors de la dernière glaciation).

Pourtant je vais aujourd’hui faire une entorse à ma règle. Je voudrais en effet proposer une idée pour rétablir la confiance car il semblerait que cette dernière se soit perdue en route.

Pour cela je voudrais que l’on mette en place un système qui semble fonctionner dans à peu près tous les corps de métiers : le contrat.

Disons que vous vous vouliez faire travailler un artisan. Vous allez d’abord discuter le bout de gras avec lui, il va par la suite vous faire une promesse et va finalement établir un contrat. En paiement de ce contrat vous allez lui donner de l’argent et lui il va faire ce qui est décrit dans le contrat. S’il joue au con et vous fais autre chose que ce qui était prévu, le bras armé de la justice lui facilitera le transit et vous ne serez donc pas trop lésé.

Et bien sûr cela marche ainsi à peu près partout. Si un contrat n’est pas respecté celui qui est en faute est puni.

Mais pour une raison qui échappe à l’entendement cela ne marche pas comme ça en politique. Non, dans le monde politique on peut dire et faire de la merde, ce n’est pas grave. Je pense même qu’ils se chauffent entre eux avec une sorte de concours de quéquettes à celui qui dira la plus grosse connerie sans rire. Et cela me donne la délicate sensation de me faire délicatement rouler dessus par un 38 tonnes.

Comment en effet expliquer autrement la mite en pull—over anglaise, leader du mouvement pour le Brexit, qui promettait aux anglais de réutiliser les 462 millions de dollars soi-disant envoyés chaque semaine à Bruxelles pour financer le service de santé et qui dès le lendemain de sa victoire aux élections disait tout en se touchant la nouille que finalement c’était une blague, que la somme n’était pas bonne, qu’il était désolé pour le gravier et que si certains avaient mal au cul il pouvait fournir la crème.

Comment voir notre clown national dire la main sur le cœur que promis, sur la vie de ma mère, je ne touche plus aux impôts, sa race je vous le jure ! Et quelques semaines plus tard entendre le même steak nous présenter une nouvelle taxe pour aider les nouvelles régions. Les mêmes régions qui furent créer pour faire notamment des économies d’échelle.

Je n’aurai pas assez d’une vie pour faire la liste du nombre incalculable de fois ou les hommes et les femmes politiques se dédient, ou même mentent ouvertement (je pense que dans les écoles pour devenir politiciens, il doit y avoir des cours de théâtre de niveau stellaire)

C’est pourquoi je propose que pour être élu, un candidat doit présenter un contrat listant ses promesses.

A partir de là, trois cas :

-          Soit la promesse nécessite du temps et elle sera donc jugée à la fin du mandat : Genre « je ferai baisser la vitesse de progression croissante de la fluctuation quantique du chômage ». Si ce n’est pas le cas, Bam ! on te tombe sur le râble ! Cela permettra que l’on évite les promesses électoralistes du type “moi président, c’est un slip en or intérieur cuir pour tout le monde”

-          Soit la promesse est dite “sèche” et prend effet immédiatement : « Il n’y aura pas de cumul des mandats sous ma présidence ». Si jamais le politique devait se dédire, Bam ! On te retombe sur la gueule !

-          Soit il ne s’agit pas d’une promesse mais d’une tentative sans engagement et c’est spécifié noir sur blanc. Chacun est donc au courant qu’il n’y a aucune garantie et que donc si ça ne marche pas faudra pas venir chialer.

Si le contrat est rompu, comme pour tout contrat, une suite pénale sera donc envisagée. C’est aussi simple que cela.

Le peuple paye le contrat avec ses voix. Le candidat doit donc délivrer un service.

De plus dans le cadre d’une campagne électorale, un organisme du type CSA sera en charge de faire du « fact checking » pour garantir que tout un chacun reçoive les bonnes informations. Si un candidat cite un chiffre ou évoque un fait et que ce dernier est faux, il sera également poursuivi. Comme lorsqu’on vous vend une voiture de marque allemande qui est censée peu polluer et que dans les faits elle fume comme une vieille truie mâchant des Malboro.

Comme ça les promesses n’engageront pas uniquement ceux qui y croient.

Finalement en annexe, je propose aussi faire passer un test de QI à toute personne souhaitant proposer une loi. On évitera les blagues du style : “mon neveu m’a dit qu’on peut acheter de la drogue sur internet, je propose qu’on interdise internet”.

Le temps du choix

Je ne regarde plus la télévision. Du moins pas comme je la regardai étant plus jeune. Je me revois attendre avec avidité le programme TV pour connaitre les films qui allaient passer le soir et ainsi devoir m’organiser pour être disponible tel soir à telle heure.

Cette contrainte de temps permettait aux médias télévisuels de nous forcer à regarder de la publicité profitant ainsi de notre temps de cerveau disponible après nous avoir savamment appâtés avec le début d’un film comme de gros cons de poissons avec un ver de terre.

Vivant aux Etats-Unis j’ai pu voir le futur de la télévision et sincèrement on dirait un vieux slip sale. Sur une heure de temps, il y a plus de publicité que de ce pourquoi vous regarder.

Après 3 mois de gavages intensifs, j’ai donc arrêté de subir et me suis rendu compte que la télévision était belle et bien morte et c’est bien fait pour sa gueule.


J’ai un petit NUC connecté à ma télévision (l’écran pas le service) qui me permet de voir les films que je veux QUAND je veux et sans publicité. Le sentiment de ne plus être un gros canard gras est rafraichissant (Du moins pour la partie « canard »).


Et c’est bien là où je veux en venir : je préfère payer pour voir ce que je veux et UNIQUEMENT ce que je veux plutôt que de croire que j’accède à un truc soi-disant gratuit. Car quand c’est gratuit, c’est vous le produit.


Netflix est un excellent exemple de voir quoi tendent les médias. Un service qui se paye sur ce qu’il vend. Car sincèrement la publicité pour du contenu gratuit ça m’horripile. Je n’utilise presque pas YouTube (sauf pour ces putains de comptinettes que ma fille adore) à cause de cela (Même s’il se peut que je passe rapidement sur YouTube Red car après les comptines on vient de passer aux vidéos de chats)


Et c’est donc pourquoi je soutiens dès que possible les services qui essayent d’arrêter de me donner des trucs contre de la lobotomie. En voici quelques exemples (que je vous encourage à soutenir car il faut qu’ils deviennent riches pour prouver que ça marche) :

Podcasts :

  • RadioKawa : un paquet de super podcasts sur les jeux vidéo et le monde geek
  • Le Rendez-vous tech : très bon podcast sur la Tech en général
  • LiveTile : Les copains de LiveTile qui tous les 15 jours vous parlent du monde merveilleux de Microsoft
  • ZQSD : Un podcast sublime sur le jeu vidéo avec des gens brillants dedans

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Sites WEB :

  • CanardPC : Mon magazine d’amour. Ils vont faire un site WEB pour avoir le magazine en ligne. Du très bon !
  • GameBlog : Un abonnement premium pour tout consommer sans se faire sucer la moelle.
  • Geekzone : Un autre super site qui essaye de prouver qu’un bon site geek sans pub c’est possible.

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Vidéos :

  • Science étonnante : David Louapre est un chercheur qui fait de la vulgarisation scientifique. Ses vidéos sont exceptionnelles.


Je suis persuadé qu’ils en existent bien d’autres. En tant qu’être plus ou moins intelligents nous nous devons de refuser de subir cette aliénation mentale qu’est la publicité forcée.

Donc faites comme moi militez avec le porte-monnaie !

Guide de survie quand vous n’êtes pas désorganisé

Je constate de plus en plus un relâchement massif de mes chers collègues en ce qui concerne l’organisation générale de leur travail.

A peu près deux fois par semaine je suis en effet amené à avoir ce genre de discussion :

  • Salut Robert (nous l’appellerons Robert pour préserver ce qui reste de sa dignité)
  • Salut David !
  • Dis-moi, tu as reçu mon mail ou je te posais une question importante pour la survie de l’humanité à court terme ? (En fonction de mon humeur, cela peut aussi se transformer en : Salut grosse merde, tu n’as toujours pas réussi à répondre à un de mes emails sans que je te relance 22 fois ?)


    En général, la réponse touche au divin:
  •  Ah non, je ne l’ai pas reçu, peux-tu me le renvoyer ?

 

Posons-nous un instant afin de vraiment apprécier la puissance de ce genre de réponse et imaginons la même chose si nous parlions de courrier postal. Qui oserez dire aujourd’hui : « rahhh ! désolé, je n’ai pas reçu ta lettre, peux-tu me la renvoyer ? » Même le dernier des faisans n’oserait pas dire ça. Sachant d’autant plus que le courrier électronique est sans doute 20 fois plus fiable que ces buses de la Poste (ne serait-ce que parce que si pour une raison inconnue le mail ne peut être délivré, je recevrais un message).

Et pourtant la vaste majorité des branle-couilles qui osent me répondre ce genre de choses n’ont aucun complexe à insinuer qu’ils n’ont pas reçu mon courrier non pas parce que ce sont des mites en pullover en ce qui concerne la gestion de leur boite aux lettres mais plutôt car il doit y avoir un bug dans le serveur de mails ! Il est bien entendu que cela ne peut avoir AUCUN rapport avec les 27000 messages non lus de leur messagerie.

Alors forcément à cause des dictats sociaux il m’est impossible de leur faire manger le crépis quand ils me prennent ouvertement pour un con (Et en plus on manquerait vite de crépis).

Après, pour nuancer (vous constaterez aisément en lisant mon blog, que c’est une de mes grandes qualités, la nuance), je me dis que nous vivons dans une société qui nous écrase de messages, de courriers et que cela peut s’avérer difficile de faire le tri.

Du coup pour rester positif, je pars du principe qu’un mail dont je n’ai pas de réponse dans une période de temps dépendant à la fois du contenu du mail et de mon humeur est un mail qui a été lu et dont la non-réponse constitue en fait une réponse. J’ai nommé cette période la durée temporelle de convenance ou DTC.

Par exemple, un mail ou je demande à quelqu’un de valider un texte avant publication a une DTC de un jour. Au-delà d’un jour, je publie.

De plus, chaque destinataire entrainant un dépassement de DTC est associé à un compteur interne que j’incrémente. A partir d’une certaine valeur (dépendant majoritairement de sa place dans la hiérarchie et du nombre de mails non lus dans sa messagerie), le destinataire en question est ajouté à ma liste « Est un organisme monocellulaire de type amibe ». Les heureux membres de cette liste sont considérés comme toujours d’accord avec moi et du coup ne nécessitent plus que je leur écrive. De plus, s’ils me demandent si d’aventure j’ai reçu un mail qu’ils m’auraient envoyé, ils sont bien sur eligible pour recevoir la réponse: » Ah non…comme c’est ballot, tu peux me le renvoyer ? ».

La difficile vie du développeur d’applications gratuites

Entendons-nous bien : même si ce post a le gout et l’odeur du râleur invétéré, sachez qu’il n’en est rien. Nous avons ici uniquement un billet scientifique relatant une expérience sociologique.

Il s’avère donc que sur mon temps libre, mon violon d’Ingres se trouve être le développement (et le massacre de démons sur Diablo3). Du coup grâce à une petite fille et une femme adorable, j’ai le loisir de pouvoir m’adonner à ce plaisir simple : faire des applications.

Je crée des applications avant tout pour moi lorsque, après avoir parcouru les immensités infinies et si bien achalandées (J’ai une relation particulière avec ce mot) du store Windows 10, je ne trouve pas d’application répondant à mon besoin.

C’est ainsi que je développe et fait évoluer avec amour deux applications pour le moment : UrzaGatherer (pour les fans de Magic the Gathering) et Cast (pour les amateurs de podcasts).

Dès que j’ai une version que je trouve satisfaisante, j’ai le même plaisir de les mettre à disposition de ceux qui pourraient partager les mêmes besoins que moi.


Et c’est souvent la que le drame commence. Car, on pourrait se dire (si benoitement on pensait que l’humanité pouvait être sauvée) que les gens seraient juste contents de voir un brave gars partager ce qu’il pourrait égoïstement garder pour lui. On pourrait même penser que ledit développeur va crouler sous les mails de remerciement pour avoir passé du temps sur une application que finalement ils allaient utiliser GRATUITEMENT et sans le moindre EFFORT de la part.

Alors qu’en fait, non. Enfin, en ce qui concerne le croulage sous les mails, on peut dire que oui. Par contre le contenu n’est pas vraiment en adéquation.

Et pour aider les plus cons à bien comprendre, je vais même faire une analogie pour vous décrire le jus dans lequel baigne le pauvre développeur tout gentil.

Imaginons que demain matin, on vous offre une voiture. On la pose en bas de chez vous avec les clefs dessus et le droit de vous en servir à loisir. Cool, non ? Et bien certaines personnes, si elles réagissaient comme je les voies réagir pourraient alors envoyer les mails suivants au généreux donateur :

-          « Salut, cool la voiture. Par contre tant que tu n’ajoutes pas un béquet et que tu me la refais pas en jaune de damas, je vais continuer à utiliser ma Renault de merde. »

-          « Salut, merci pour la voiture. C’est cool. Par contre tu peux rajouter dès que possible le support des caravanes ainsi qu’un mode conduite automatique. Et ce qui serait trop cool aussi ça serait qu’elle puisse se téléporter. J’attends les mises à jour avec impatience »

-          « Salut, pas mal ta voiture. Je ne vais pas m’en servir car je n’aime pas le logo. On dirait un chat malade »

-          « Salut ! à quand la version hongroise ??? »


Et encore, pour l’exemple, je vous donne les versions polies. Car je ne compte plus les mails du genre « Cette application n’est pas utilisable car elle n’a pas de mode sombre ». Ce que moi, lorsque je reçois le mail, je lis de la sorte « Salut connard, ta came c’est de la pisse, je ne comprends pas comment tu peux oser sortir une application qui n’a pas de mode sombre. Tu dois vraiment être la honte de ta famille pour ne pas te respecter comme ça » (Bon il paraitrait que je suis un peu susceptible mais ce n’est pas totalement un fait avéré).

Depuis que j’ai sorti Cast par exemple, je n’ai reçu en tout et pour tout qu’UN seul mail qui me disait juste gentiment : « Merci de ton temps, j’aime ton app ».


Alors bien sûr, la plupart du temps, les mails sont tout à fait corrects et respectueux. Et il est super important de faire des retours (constructifs) pour aider les développeurs. Mais je pense sincèrement qu’un travail sur la forme est clairement à envisager. Et je dis ça pour tous mes copains développeurs qui font des applications gratuites : On ne vous doit rien les gens ! Si on le fait c’est avant tout pour être sympa. La moindre des choses si vous voulez demander des nouvelles fonctionnalités, c’est d’y mettre méchamment le forme !


De même si vous trouvez des bugs, j’apprécie beaucoup les retours qui m’aident à améliorer l’application (et je dois d’ailleurs remercier tous ceux qui ont fait l’effort de m’aider là-dessus en testant mes version betas ou en me signalant GENTILLEMENT les anomalies rencontrées).  Mais essayer de ne pas tomber dans le « Yo mec, ça merde sur mon 930. Tu peux faire un truc ? ». Je vis déjà ça toute la journée avec Edge (et là je ne peux rien dire, je suis payé pour ça) donc forcément quand cela continue le soir, j’ai plutôt tendance à répondre en proposant à mon interlocuteur d’aller tester la capacité volumique de son rectum avec un manche à balai. Ce qui, je dois bien l’avouer, n’est pas constructif ni très efficace si on veut résoudre le bug.

Comment j’ai perdu foi en l’humanité…

J’ai une maladie dont je voudrais parler ici.

Je suis bruitophobe. La bruitophobie se caractérise par une envie de massacrer à la pelle à tarte les gens qui font du bruit. C’est une maladie assez rare mais relativement chiante à vivre surtout quand on fait les mauvais choix.

En effet, il y a quelques années, j’ai eu la merveilleuse idée de monter vivre à Paris avec ma chère et tendre (qui je dois l’avouer est elle aussi frappée du même syndrome mais à un niveau encore plus élevé). Or vivre à Paris quand on est bruitophobe c’est comme sniffer un champ de blé quand on est allergique au gluten.

Il faut savoir une chose importante sur les villes (surtout les grandes). Elles sont en quelques sortes une ode à une des plus grandes inventions de l’humanité : La promiscuité. Ainsi, bien avant le feu, la roue ou la truelle, l’humanité s’est distinguée par une fulgurance rare. En effet, un jour il y a très longtemps, au détour d’une nuit glaciale, nos chers ancêtres ayant trouvé refuge dans une quelconque grotte se sont sentis bien cons lorsque Maurice (le chef) s’aperçût que la grotte n’avait pas de convecteurs. Après de longs débats, une idée pointa toutefois le bouton de son nez. On allait s’entasser comme des moules les uns sur les autres et comme cela on aura une sorte de chauffage naturel en plus du plaisir des sens pour qui aiment les mycoses plantaires. C’est ainsi que fut inventée la promiscuité.

Par la suite, quand les grands architectes modernes lancèrent la mise en place des nouveaux centres urbains, ils décidèrent d’en faire un témoignage poignant à cette belle invention.

C’est ainsi qu’habiter à Paris se résume finalement à pratiquer la version moderne du tas d’humains de la préhistoire. On s’entasse a plus de 250 appartements dans une tour et du coup on fait des économies de chauffage.

Le seul hic, c’est que la connerie est si parfaitement répartie au niveau de l’humanité que cela en deviendrait presque artistique. Et du coup, quand vous avez 8 voisins de palier (sans compter dessus et dessous) et bien vous avez 8 fois plus de chance de tomber sur la perle. LE Voisin avec un V majuscule. Celui qui vous fera faire des recherches sur Internet pour connaitre la formule de la mort aux rats.

Nous avons la chance avec ma femme d’en avoir connu quelques spécimens lors de notre séjour à paris.

Par exemple, nous avons eu celui qui se dit que vivre à deux dans 50m2 c’est encore trop de place libre vu que l’on voit toujours le sol par ci par là. Du coup, on va acheter deux chiens (un seul serait une insulte à l’intelligence). Et comme on travaille toute la journée pour payer un loyer qui ailleurs vous permettrait d’avoir toute l’aile ouest de Versailles, il se trouve que les adorables canidés se retrouvent seul de 8 heures du matin à 8 heures du soir. Et que fait un chien qui se fait chier ? Il gueule comme un gros con. Non-stop. Toute la journée. Lui il s’en fout il n’a pas la notion du temps. Dans sa tête cela se résume à : « Ben ?? mais elle est ou l’herbe pour que je joue/pisse/me roule dedans/mange mon caca ? Etrange…Signalons vite cela de manière adéquate à mon environnement… ». Quand vous habitez au-dessus cela permet de très vite s’avoir écrire homicide dans toutes les langues de la Terre. Et forcement quand leur maitre rentrait les chiens étaient contents et donc n’aboyaient plus. Du coup vous passez pour le relou qui ne supporte rien quant au détour de l’escalier vous essayez de signaler que ça vous bourre léger de devoir vivre avec des boules Quies quand vous travaillez à la maison.

Le pire fut toutefois atteint lorsque le Voisin du dessus (avec encore un grand V) se décida de manière fort logique à acheter un piano. La justesse de son jugement fut complètement validée par la facilité avec laquelle il réussit en 3 jours seulement à hisser son instrument du rez-de-chaussée jusqu’au 25eme étage. Dans ma grande mansuétude j’avais pourtant proposé de le démonter touche par touche à la masse de chantier pour accélérer le déblocage de l’ascenseur. Mais force est de constater que cela ne sert à rien d’être sympathique. Là où l’on toucha au divin c’est lorsque suite à une longue réflexion, notre cher voisin décida que le moment idéal pour en jouer se situait vers minuit, heure bien connue des mélomanes pour proposer de bien meilleures sonorités. Face à tant de génie, je me décidais donc à monter le voir pour lui prouver que sa tête pouvait sans problème passer à travers sa porte. En ouvrant la porte je me retrouvais toutefois sans voix quant au lieu de s’excuser platement il me fit remarquer que cela ne se faisait pas de sonner chez les gens si tard dans la nuit.

C’est ce jour-là où je perdis définitivement foi en l’humanité (et où je pris ma carte du Parti pour l’Invasion par des Super-Soldats Extraterrestres).

Doléances

Chère vie, je tenais tout d’abord à vous remercier pour la livraison (quoique très tardive, travaillez-vous avec la Poste ?) de notre commande. Nous sommes ravis, elle est parfaite. Toutefois je voudrais profiter de ce courrier pour vous remonter deux ou trois  améliorations qui pourraient être bénéfiques pour vos futurs clients (comme disent les américains : « feedback is a gift ») :


  • Tout d’abord vous avez clairement un gros souci au niveau de votre interface de debug. C’est comme si j’avais acheté une voiture qui klaxonne quand elle est à sec, qui klaxonne quand elle n’a plus d’huile et qui klaxonne encore quand elle a un pneu à plat. On est d’accord c’est complément con. Eh bien, la version que nous avons reçue de notre commande est identique. Elle gueule de la même manière pour dire « Maman, ramène ton nichon » ou pour dire « Papa, j’ai de la merde jusqu’en haut des oreilles ». Du coup c’est un peu relou pour savoir ce qu’il faut faire.

     
  • Autre souci digne d’Apple : l’autonomie. Non mais sans déconner, qui oserait sortir un produit avec 3 heures d’autonomie ? Bon, même si j’ai lu sur vos forums que cela s’améliore avec le temps, c’est tout de même un comble de devoir recharger tous le temps. On a bien essayé de passer en économie d’énergie et d’attendre plus longtemps mais devinez quoi ? Ca gueule direct.

 

  • Je souhaitais aussi vous parler de l’empreinte carbone et du niveau de pollution. Comme précisé plus haut, avec ma femme, nous sommes positionné a l’oppose du système (ma femme a l’entrée et moi à la sortie) et nous avons constaté que pour un litre qui rentre il y en a au moins deux qui sortent. Ce n’est clairement pas optimal. Et je vous laisse évaluer la quantité produite quand vous rechargez toutes les 3 heures.

 

  • Nous avons finalement constaté la présence d’une fonctionnalité complètement pétée : le rototo. En gros, à chaque recharge il faut shaker comme un débile afin d’avoir un bon gros rot bien gras enrichi en lait. Je ne vois pas l’intérêt. Personnellement je n’aurai carrément pas mis cette fonctionnalité. Ca reloute tout le monde et au final a moins de vouloir se faire l’alphabet en rotant ça ne sert à rien.

    Voilà en espérant que cela vous aidera à progresser vers une meilleure adaptation de votre produit à vos clients. En attendant on va quand même garder la nôtre. C’est qu’on s’y est méchamment attachée quand même.