La jouissance du développeur

Je voudrais partager avec vous une expérience que de nombreux de développeurs ont connu dans leur vie. Une expérience qui m’est arrivée ce week-end.

Tout a commencé il y a quelques temps quand je me suis décidé à ajouter une nouvelle fonctionnalité (suite à un moment mou) à Babylon.js. Pour les curieux, il s’agissait de rajouter l’exportation des bones (l’animation de personnages) de Blender vers le format de fichier de Babylon.js.

Comme je suis maintenant un vieux maitre en haut de sa montagne je confiais cette tâche à un esclave collègue (Guillaume) me disant que vu que c’était sur-relou à faire autant que ce ne soit pas moi qui le fasse.

Le pauvre bougre passa deux semaines dessus, à suer du sang, à se nourrir à la paille et à pisser dans une bouteille afin de maximiser le temps de travail. Et pourtant il faillit. Couvert de honte, il vint me voir à mon bureau ou il fit état de son échec cuisant. Fort de ma légendaire pédagogie, je me foutais lourdement (contrairement à mon habitude) de lui, le traitant de vieux poulpe sec incapable de coder une addition.

Grand seigneur, je me portais donc à son secours en lui disant que j’y passerai dix minutes en début de week-end ce qui devrait être largement suffisant.

Et là, ce fut le drame.

Je m’y mettais donc le vendredi soir d’une main nonchalante avec un œil sur Secret Story. Quelques heures plus tard, en sueur, l’œil terne et le poil gras je commençais à me rendre compte de l’effroyable réalité : Ça allait être la guerre ! Le code de gestion des bones au sein de Blender est sans doute le septième cercle de l’enfer. J’y ai même croisé Dante. Chaque information est accessible par 19 biais différents avec 19 significations différentes.

Afin de ne pas rajouter un divorce à la folie ambiante, j’allais toutefois me coucher aussi détendu qu’un chat sur un grill brulant.

A 6h30 le matin suivant, je repartais à la guerre, dans la boue, me nourrissant de petits animaux et de racines, progressant de quelques mètres et reculant d’autant les minutes suivantes. 

Et cela dura ainsi jusqu’au dimanche après-midi. 

Heureusement il y eut le « Docteur House Effect ».

Ma femme fit une remarque anodine sur le fait que je n’étais pas lavé, que je n’avais pas mangé depuis deux jours, que je sentais le chacal mort et que des mousses commencaient à pousser sur les roulettes de mon fauteuil. Et dans les ténèbres de mon esprit ou seulement quelques mots parvinrent à trouver leur chemin jusqu’à ma conscience, la voie de ma muse déclencha une réaction en chaine incroyable qui se conclut par la formation d’une petite idée toute fragile. Je la mettais de côté, l’arrosant avec amour et la nourrissant de tout mon espoir. Elle germa et finit par donner ses fruits : J’avais la SOLUTION à mon problème !!

Je pouvais ENFIN exporter les animations de personnage depuis Blender vers Babylon.js. Ce moment-là pour un développeur peut être qualifié d’orgasmique. Après des heures dans le désert à se faire sortir le cerveau par les oreilles, on trouve enfin l’oasis tant recherchée. Et c’est bon, cela fait du bien, on pleure, on rit, on fait la parade à poil dans l’appartement en chantant du Goldman. Bref on est content !

J’appelle çà la jouissance du développeur.