De l'art de garder son calme...

C’était mon anniversaire cette semaine et même si je pourrai vous parler de mon espoir impatient de voir la science progresser afin que je devienne immortel, ce n’est pas de cela dont je voudrais discourir ici.

En fait je me suis offert un cadeau un peu particulier. En tant que geek de classe Vega, je suis fan de cartes Magic et surtout j’en suis collectionneur. Collectionneur, c’est un état d’esprit, un art de vivre et seuls les collectionneurs sont à même de comprendre un autre collectionneur.

Toujours est-il que je me suis offert une carte très rare. Elle et moi c’était une histoire longue de plusieurs mois. On se sentait le cul depuis très longtemps, on se tournait autour, faisant semblant de ne pas nous voir. Bien sûr les regards échangés ne trompaient personne. On était fait l’un pour l’autre et par là il faut bien sur comprendre que les euros de mon compte étaient faits pour rejoindre ceux d’un obscur vendeur teuton nommé bien justement « Alexy456 ».

Bref, me délestant d’une somme honteuse, je passais donc commande auprès de ce fier germain. La téléportation n’ayant pas encore été inventée (Il faudra d’ailleurs que je fourre mon nez là-dedans car je ne sais pas ce que branlent les scientifiques mais cela commence à devenir légèrement long là et cela ruine mes plans de vivre à la montagne tout en travaillant à Paris. D’autant plus que dans tous les documentaires scientifiques que je regarde ils y arrivent facilement. Par exemple dans un épisode de Star Trek visionné récemment, ils montent un téléporteur avec une gencive de gnou et un poste radio. Cela ne doit pas être bien dur de facto. Mais refermons là cette tentative de parenthèse la plus longue du monde et reprenons notre récit haletant), ce pauvre Alexy456 a dû, le désespoir dans le cœur, se rabattre sur un envoi postal.

Comme je dois travailler pour me payer des cartes nourrir ma famille, je n’étais pas là le jour ou le charmant agent postal est venu sonner à ma porte pour me remettre la missive tant attendue. Il me laissa donc un adorable avis de passage, écrit sans doute sous les bombes avec un bras mutilé et de nuit. Après expertise par un ami spécialiste des civilisations précolombiennes, il semblait que cet exquis monsieur me signalait que mon courrier serait disponible au bureau de poste proche (selon les normes de Jupiter) de chez moi.

Prévoyant que je suis, je posais donc un RTT afin de trouver un horaire compatible avec cette noble institution. Tout bouillant d’excitation je me présentais donc à l’officine en question ou je découvrais une queue de 19 personnes et un seul guichet ouvert. Je me disais le cœur rempli d’amour pour l’humanité qu’il est bien naturel que les agents de la Poste prenne des congés même si apparemment ils les prenaient tous en même temps afin de garantir le meilleur service possible.

Après vingt minutes d’attente, le ciel s’ouvrit, une lumière divine vint nous nimber et d’une porte derrière le comptoir un SECOND agent de la Poste arriva. Malgré la joie et l’allégresse qui régnaient alors, je pus distinguer que ce dernier posa nonchalamment un magazine « Entrevue » sous son comptoir. Alors bien sur loin de moi l’idée de croire qu’il était en train de ne pas en tirer une dans son arrière-boutique, je ne fais que relater les faits de manière froide et détachée. Il est évident qu’il devait se servir de cet ouvrage pour améliorer sa connaissance des processus de livraison ou encore qu’il le lisait pour mieux appréhender la logistique et le traitement des clients en heures creuses. Sans aucun doute.

Quarante minutes plus tard, j’arrivais finalement en terre promise, tendant fébrilement mon sésame. Le receveur me demandant avec la délicatesse d’un rhinocéros ayant des hémorroïdes ma pièce d’identité. J’étais alors à cet instant patience et amour rassemblés en un seul être. Mais, par la force du kungfu que je pratique à haute dose dans toutes les BDs que je lis, je restais de marbre.

Le coup de grâce arriva quand il me demanda ce que pouvait bien contenir cette lettre en provenance d’Allemagne et ceci en m’appelant par mon prénom (qu’il avait eu l’insigne finesse de voir sur ma carte d’identité) car apparemment nous avions été tout deux éleveurs porcins dans les Landes lorsque nous étions jeunes. Ma réponse draina en moi toute la grâce que l’évolution a su placer dans notre héritage génétique en partant depuis les dinosaures. Forte de cette énergie elle passa le firewall de mon éducation et gerba sur la tronche médusée de mon si taquin interlocuteur.

Tout ça pour dire que je me suis offert une carte Magic et que j’ai passé un super Vendredi matin